Yamaha MOX6

Les lignes suivantes ne sont pas un test mais mes premières impressions d'utilisateur (Pour un test complet, voir ici).

 

Son of XS : A sa sortie, le mox a fait sensation ; non pour ses innovations technologiques mais pour son rapport qualité prix démentiel : il s’agit d’un Motif XS sans le sampling, une polyphonie divisée par 2 (64 voies) et 3 effets d’insert en mode multitimbral (au lieu de 8). Donc nous avons 95% du motif XS pour 40% de son prix ! Certains pourront objecter qu’il s’agit juste d’une workstation fermée sans possibilité d’extension avec des cartes PLG (mais le XS aussi car les PLG se sont mal vendues) ou par import d'échantillons.

Certes, certes, mais quelle workstation ! 


Bombe sonore : la  synthèse est basée sur une classique lecture d’échantillons AWM2 affublée d’un filtre numérique multimodes (18 types) de grande qualité. Rien de révolutionnaire, seulement Yamaha a poussé le concept à son paroxysme et seules des machines multi synthèses (Kronos, Jupiter 80/50) ou ultra spécialisées (y compris les cartes d’extension) font éventuellement mieux.  

Flash back : il y a 5 ans, le niveau de qualité atteint par le Motif XS (pourtant généraliste) a mis tout le monde d’accord : le dynamisme, la chaleur et surtout le réalisme des sonorités ont fait sa réputation (nonobstant d’autres atouts de taille…). Le mox hérite donc du même arsenal sonore décoiffant; il est très rare de tomber sur des sonorités moyennes et la plupart du temps on se dit qu’on a rarement (ou jamais) entendu mieux ! Les 355 mo du XS (2670 waveforms, soit 1024 presets, 3x128 users, 2x128 perfs, 64 drum kits presets et 32 users) sont au top. Le Yamaha ne cherche pas à en mettre « plein la vue » comme chez Korg ; les sonorités sont très équilibrées en fréquence mais pas exagérément chargées en basse ou medium, ce qui facilite le mixage. Et contrairement à Roland je n’ai pas noté de différence de niveaux entre les patchs (un gros problème sur les JV-XV).


Sons à la carte :

  • Les pianos acoustiques sont superbes (pas de doute, Yamaha sait faire des pianos...) et enterrent tous les autres pianos intégrés hors cartes d’extension. Seul Korg a récemment fait mieux (voir plus loin). 
  • Les EP (Rhodes, Wurlitzer, ainsi que -forcément- les CP-70 et DX7) rivalisent sans problème avec les meilleurs EP des autres marques (surtout les patchs bénéficiant du très bon processeur d’effets).
  • Les guitares : Faisons simple, ce sont les meilleures guitares existantes (acoustiques, folk, funk, rock..). Le consensus est général sur ce point ; d’autant plus que l’arpégiateur et certaines finesses de programmation (les fameuses « articulations ») permettent un réalisme de jeu saisissant.
  • Les cuivres : C’est toujours un peu le point faible des synthés face à une vraie section de cuivre; ils sont cependant très exploitables dans l’ensemble et sont péchus à souhait.
  • Les orgues : pas mieux ni pire qu’ailleurs ; par contre on dispose d’une très grande variété (B3, farfisa, continental, etc…). Yamaha offre en outre un VSTI de B3 modélisé d’un réalisme supérieur.
  • Les vents : Magnifiques pour la plupart ; ça ne vaut peut-être pas de la modélisation (prophecy, Z1, VL1 ou 70) mais en en est pas loin…
  • Sons ethniques et percussions chromatiques : là aussi très haut niveau de réalisme et de dynamisme. Entre autres une très belle flute de pan…
  • Drums/basses : Yamaha a fait d’énormes progrès dans ce domaine même si je préfère  Korg et Emu question rondeur/épaisseur. Là aussi on dispose d’une très grande variété de timbres.
  • Violons : les cordes orchestrales sonnent vraiment orchestrales et non synthétiques; les violons solos sont également très bons.
  • Sons synthétiques : Tous très trés bons avec une mention spéciale pour les nappes et les textures que j’adore chez Yamaha. J’ai aussi particulièrement apprécié les lead, très expressifs. Evidemment les sons pseudo analogiques ne valent pas un vrai analogique mais dans un mix ça tient bien la comparaison face à de la modélisation.
  • Les imitations de sons retros « seventies » (string machine, clavinet, etc...) tirent profit de la puissance du processeur d’effets et sont particulièrement réussis.


Le processeur d’effets : Identique au XS donc ultra puissant mais aussi assez transparent dans le sens où il met bien le son en avant, alors que chez Korg les effets « maquillent » davantage le son (ce qui peut être intéressant également…). Technologie VCM : Beaucoup d’algorythmes sont des modélisations d’effets vintages (disto, phaser, chorus, etc…) et certaines reverbs sont issues de la  SPX2000. Terminons sur une tuerie : le fameux mode « vocoder » 10 bandes qui justifie à lui seul l’achat de la machine tellement il est bon.

 
Poids plume: lorsqu’on sait qu’il ne pèse que 7kg (face aux 15 du XS) ; on ne peut qu’être tolérant sur les coupes effectuées : une construction un peu cheap avec beaucoup de plastoc d'une solidité relative, un écran monochrome tristounet de 240x64 points (très lisible cependant) et la disparition des 8 faders du XS. Sinon le mox dispose d’une foultitude de boutons et contrôleurs temps réel; on peut réellement se passer d’ordinateur. Notons la présence d’un vue mètre très pratique pour éviter de saturer l’entrée audio et de 2 sorties séparées (ouf !). Le clavier lui-même est très correct pour ce prix (toucher semi lesté) et finalement le synthé n’est pas si moche que ça…


L’arpégiateur : Il s’agit en fait d’un quadruple arpégiateur programmable ultra puissant. Chaque arpégiateur peut jouer un motif sur une bank de 6720 presets ou 256 users, qui dit mieux ? (Le XF, ah oui....) Certains sont spécialement créés pour imiter le jeu réel de l’instrument (par exemple une guitare ryhtmique) et le réalisme est saisissant (très bonne programmation). Le nom de « Motif » vient de là… Sachant qu’une performance peut en jouer 4 simultanément (pour 4 sons différents) et qu’on peut changer le motif joué à la volée; le rendu est très proche de celui du moteur Karma qui reste le must du genre en terme de souplesse et de réalisme (mais d’une complexité sans égale). On pourrait presque lui reprocher que certaines  performances (la plupart…) sonnent tellement bien qu’on aurait tendance à ne rien faire !  Enfin, cerise sur le gâteau, l’arpégiateur est synchronisable et sort en midi out, ce qui fait du mox un formidable chef d’orchestre pour piloter des vieux coucous : imaginer 4 séquences différentes transposables en temps réel…


Tangerine Dream : Ben justement, sâchez jeunes gens que le XS (donc le mox) est le synthé de prédilection de Johannes Schmoelling (avec le Jupiter 8 qu’il a conservé depuis son départ de Tangerine Dream). Voilà une belle preuve de légitimité ! Ecoutez « Abacus » et visionnez le live « Loom » pour des solos fabuleux exécutés sur le Motif XS8. On comprend mieux qui était l’âme de TD de 1980 à 1985… Une autre preuve ? Michael Jackson devait faire sa dernière tournée avec le XS (« This is it »). J'ai aussi découvert que le - trés grand - Ryuichi Sakamoto était fan du Motif, ce qui devrait achever de vous convaincre!


Workstation : Le séquenceur interne est rigoureusement le même que celui du motif XS donc très puissant (226 000 notes) ; ce qui est marrant c’est qu’il n’a pas été bridé pour le mox et il gère toujours 128 voies ! Pour les allergiques aux séquenceurs hard Yamaha fournit gratuitement Cubase 5.5 spécialement configuré et là c’est le pied car le mox se connecte en USB et fait également office de carte son. Bref il devient un système autonome DAW complet et performant de production musicale à l’instar du XS.


Mox Vs Krome : Les 2 synthés sont des déclinaisons de modèles haut de gamme et offrent + ou – les mêmes choses : légèreté, lecture d’échantillons, effets performants, séquenceur, arpégiateur évolué et interaction avec un séquenceur soft (via usb). Ces workstations propulsent l’entrée de gamme de L’Empire Yamaha et du Rebel Korg à un tel niveau professionnel qu’aucun autre constructeur ne peut suivre (même Roland est largué avec ses junos). Voyons ce qui les distingue. Le Krome (joli nom…) possède un boitier noir classieux et un magnifique écran tactile couleur. Le piano acoustique (d’une rondeur presque excessive) et le fender rhodes issus du Kronos sont les meilleurs actuellement disponibles. Le processeur d’effets est performant (avec modélisations de pédales d'effet) et le mode multitimbral plus puissant (120 voies et 5 effets en insert). Le mox a un look trés 90s mais oh surprise, la comparaison tourne rapidement à son avantage. D’un point de vus sonore, Le Krome malgré une rom conséquente de 3,5 Go (dont 2,8 Go rien que pour le piano principal; il peut être bon!) ressemble beaucoup au Triton et à ses successeurs, donc à part les Drums ‘n basses qui tapent fort, les sonorités sont bien plus réalistes chez Yamaha (guitares en tête). Les sons purement synthétiques (ou rétros) du Krome sont très réussis mais pas meilleurs que ceux du mox. Par contre l’arpégiateur du mox est loin, trés loin devant en quantité (double arpégiateur en mode performance et 900 motifs « seulement » pour le Korg) et en qualité. C’est particulièrement flagrant pour les simulations de guitare rythmiques (funk, rock ou folk), fabuleuses sur le mox... C’est moins évident pour les sons synthétiques et les patterns rythmiques, très bien faits dans les 2 cas. Il faut les tester l’un après l’autre pour se faire son idée à chaud mais à moins d’être totalement allergique à la marque aux diapasons (y’en a ?) on ne peut que constater la supériorité du Yamaha. 


Dark Vador : Faut-il craquer pour le mox ? Plusieurs cas de figures :

  • Vous n’avez rien ou rien de récent : Laissez vous tenter par le côté obscur de la Force et rejoignez l’Empire… Les partisans du « tout ordinateur » risquent aussi de changer d’avis car il faut quand même une sacrée config pour arriver au même résultat et de plus, avec le hardware, toute cette puissance est disponible instantanément (et sans bug).
  • Vous avez déjà un Trinity ou un Triton : Si possible gardez le et complétez votre set up avec le mox car les 2 sont finalement complémentaires.  Et puis n’oublions pas que le mox peut piloter le Korg (ou le Karma piloter le mox…). 
  • Vous avez un « vieux » Yamaha (motif 6, mo6, mm6, S90,…) : Revendez le pour passer au mox ; sauf si vous avez une carte PLG AN ou DX inside.
  • Vous avez déjà une workstation puissante : A moins d’être déjà bien équipé en racks supplémentaires; l’achat d’un mox en second couteau peut se révéler très intéressant surtout si vous n’avez pas de Yamaha récent.


Le + : un motif XS (ou presque) à un prix vraiment démocratique.

Le - : pas de sampling, on le comprend, mais quitte à payer un poil plus cher, Yamaha aurait pu prévoir une Ram pour l’import d’échantillons. Cela condamne l’appareil à une obsolescence plus rapide que le XS. Mais bon, c’est pas encore pour demain…