MFOS 16 steps sequencer

Le net regorge de projets de « petits » séquenceur 8 ou 10 pas ; mais seul MFOS propose un projet à 16 pas digne de ce nom. Ray Wilson a conçu un magnifique séquenceur, puissant et versatile. C'est la grande classe et c'est à mon avis le meilleur projet de séquenceur 100% analogique disponible. Il est d'ailleurs supérieur à bon nombre de produits commerciaux et seul le fameux Moog 960 (ou ses clones) est "mieux" car plus ouvert... Il est possible de chaîner 2 ou 3 séquenceurs MFOS pour obtenir plus de pas (steps). Pour ma part j'ai préféré synchroniser deux séquenceurs 16 pas afin de jouer 2 séquences différentes en mêmes temps  (à la Chris Franke). Là où ça devient génial c'est que le séquenceur esclave ne joue pas forcément la séquence de la même façon que le maître, seul le beat est le même ainsi que l'ordre de départ/arrêt. Les possibilités créatives sont énormes...

 

Séquenceur Analogique Vs Séquenceur informatique:

 

Quel est l’intérêt de ce type de séquenceur – ultra limité - par rapport à un séquenceur MIDI en soft ou en hard? 

 

- Un usage différent : les séquenceurs à mémoire, donc numériques/informatique (sous forme logicielle, stand alone ou intégré à une workstation) se sont démocratisés avec la norme midi. Ils gèrent plusieurs pistes (instruments) simultanément et le nombre de notes ou d'événents gérés est désormais illimité.

Un séquenceur analogique pilote un seul synthé (mais on peut en synchroniser plusieurs pour contrôler autant de synthés…). Son nombre trés limité de pas/notes (de 8 à 16, soit une mesure) génère des motif répétitifs (arpèges, lignes de basse…) que l’on peut transposer en temps réel :  toutes les séquences des albums mythiques des 70s de Tangerine, Schulze, Jarre, Kraftwerk… ont été produites ainsi. En réalité, un séquenceur analogique génère des tensions continues différentes pour chaque pas ; après on en fait ce qu’on veut : soit des notes, soit des filtrages, etc… Le but du séquenceur analogique n'est donc pas de jouer les chefs d'orchestre; c'est plutôt un instrument-live à part entière.

- Une fiabilité à toute épreuve: Et oui ; un séquenceur analogique ne plante jamais contrairement à ses homologues numériques. Il n’y a aucun système d’exploitation ; c’est du direct.

- Une rapidité et une précision insurpassables : Même s’il existe des exceptions ; les séquenceurs analogiques fonctionnent en CV/gate (à l’ancienne…). Aujourd’hui, le midi a beaucoup progressé mais le CV/gate lui reste supérieur question fiabilité: zéro latence car il n’y a aucune conversion (une raison pour laquelle Vince Clark était jadis un ennemi déclaré du midi et de ses délais…), une précision proprement inouie (on ne peut pas faire plus « calé » dans le tempo) et une rapidité hallucinante (écouter l’intro de « Spacelab » de Krafwerk et l’accélération de la séquence…).

- Intéractivité : Le séquenceur analogique est le complément indispensable et logique du synthé analogique car l’intérêt est le même : celui de bidouiller en temps réel en tournant des boutons ! Avec un peu d’entraînement, on peut réellement « jouer » du séquenceur en direct (Ecouter les lives de Tangerine Dream (Chris Franke/Peter Baumann) et de Schulze entre 1975 et 1979).

- Le meilleur des deux mondes ? Il existe aujourd'hui des séquenceurs avec une interface analogique (les boutons et le temps réel) et des fonctions numériques: mémorisation des séquences, prise midi, etc... Doepfer Maq 16/3, Manikin Schrittmacher... Je n'ai jamais testé ce genre d'appareils en théorie trés alléchants. Mais sont-ils vraiment aussi fiables et efficaces que de purs analos? En tout cas ils coûtent un oeil!

 

 

 

Un projet difficile: A déconseiller aux débutants : le câblage est proprement diabolique (il m’a fallu tout reprendre à 0 pour débugger mes erreurs sur le 1er…). Ensuite les PCB étant double faces comme tous les projets MFOS, je déconseille fortement de se lancer dans la fabrication de ce type de circuits imprimés; achetez les plutôt directement sur le site MFOS.

 

Consommation: +12V (21.7 mA) -12V (10.5mA)


Coût total hors boitier, panel et alim, environ 150€ (grosso modo) avec le câblage, les potards et les boutons. 

 

Conseils de montage: 

- Vérifier bien les valeurs et le sens des composants avant de souder car en cas d’erreur, c’est assez difficile de dessouder un composant soudé dans un rivet.

- Pour le câblage, soyez méthodique : utilisez des couleurs différentes selon le type de connections et prévoyez suffisamment de longueur, commencez par souder les câbles sur le pcb, avant de les relier aux potards, jacks, switchs…  préalablement installés sur le panel (bien entendu on fait le câblage du panel avant de relier les cartes!). N'oubliez pas de mettre des petits colliers de serrage pour garder tout cela "propre"...

En principe le séquenceur doit fonctionner du premier coup.

 

L’utilisation est assez simple et intuitive :

  • Les séquences peuvent faire de 4 à 16 pas.
  • Chaque pas délivre une tension continue entre 0 et +7,5V environ, soit 7 octaves de couvertes.
  • Chaque pas peut être muté individuellement grâce à un switch.
  • La lecture peut se faire en avant, en arrière, en aller-retour ou aléatoirement sur 16 pas (un must).
  • La vitesse peut être synchronisée sur une horloge externe (ou sur un séquenceur maître…).
  • Lorsqu'il est sur "pause", on peut faire avancer ou reculer les pas manuellement avec les poussoirs pour l'édition des pas.

 

Limitations:

C'est un séquenceur complet et puissant mais attention: il ne sait pas transposer les séquences et ne dispose pas de quantizer intégré.

 

Pour transposer les séquences en temps réel, il faut mixer la sortie CV du séquenceur à celle du clavier VC/gate (ou de l'interface midi/cv gate); c'est à dire additionner des tensions (par exemple pour jouer la séquence une octave plus haut, il faut rajouter 1 V aux tensions générées par le sequenceur). 

 

Le quantizer est utile pour "calibrer" les séquences aisément. Sans lui, programmer une séquence qui sonne juste revient à accorder chaque pas avec un accordeur ou un fréquence mètre (heureusement il n'y a que 16 pas!)... C'est la raison pour laquelle beaucoup de séquenceurs analogiques intègrent un quantizer comme le sympathique Dark Time de Doepfer ou l'antique ARP sequencer.