« nul n’est prophète en son pays ».

En 1978 leur reprise electro/disco d’« On the road again » (un morceau country!) avaient cartonné dans l’hexagone mais par la suite le public franchouillard a plus ou moins boudé cette musique (trop) sophistiquée pour lui … Ainsi, bien que 100% français, le groupe d’Alain Maratrat et Gerard L’her a principalement fait carrière en Italie.

 

De nos jours, totalement inconnus en France, ils sont restés « cultes » en Italie, si bien que Fabrice Cagliotti (le clavier) a ressuscité le concept en le mettant au goût du jour (un peu trop même…) : Entouré de nouveaux musiciens et d’un chanteur, il redonne des concerts en essayant de coller à l’esprit des débuts et a même sorti un CD comprenant des reprises et 2 très bons morceaux (« Don’t stop » et l’énorme « Rocketland »). Bref, la légende survit… chez nos amis transalpins !

 

Mais l’âge d’or des Rockets c’était surtout de 1978 à 1980, soit 4 albums dont un live. Les co fondateurs voulaient faire un groupe futuriste, la voie étant ouverte par Pink Floyd, Jarre, Tangerine, Schulze et Kraftwerk… Après un premier album en français plutôt étrange, mais comportant une reprise énergique d’ « Apache » et un « Future Woman » tubesque; ils trouvent réellement leur style 2 ans après avec le fabuleux « On the road again ». La musique est clairement electro-rock ou « cosmique ».avec quelques touches de disco synthétique (dans la lignée de Cerrone, Moroder, Space/Didier Marouani ou Space Art…).Les influences de Pink Floyd (surtout) et de Kraftwerk sont omniprésentes à tous les niveaux ; les musiciens étant extrêmement appliqués en studio et sur scène. La qualité de leur production (sous la houlette avisée de Claude Lemoine) est proprement stupéfiante : compositions soignées, mélodies superbes, interprétation de premier plan (le jeu gilmourien de Maratrat, la parfaite mise en place des morceaux, la voix de Gérard l’Her, l’aisance de Cagliotti derrière ses synthés…) et surtout des arrangements comme on en avait jamais entendu en France dans un groupe de rock (on est parfois très proche d’ « Animals » de Pink Floyd…). Les Rockets ne sonnent absolument pas « français » et c’est une bonne chose ! A influences diverses, morceaux divers également : on passe allègrement de la disco planante (on the road again) au gros rock qui cartonne (sci fi boogie, electric delight), des riffs ravageurs (Galactica), mid-tempo hypnotiques (One more mission, Back to your planet), des morceaux electro (Synthetic man en hommage à Kraftwerk) ; des petites perles instrumentales (Venus Rhapsody, sublime…) ; bref un répertoire riche et éclectique qui ravira aussi bien les fans de guitares aériennes que les amateurs de Minimoog  et de vocoder ! Loin de l’esbrouffe de la « French touch », les Rockets restent sans nul doute le meilleur groupe français du genre (ni Air, ni Daft punk ne leur arrivent à la cheville).

 

Détail amusant : si la musique n’a quasiment pas pris une ride (disons qu’elle a un côté vintage très plaisant…), il n’en est pas de même pour le look et le jeu de scène qui paraissent terriblement datés aujourd’hui : Comprenez l’idée marketing: ce sont des robots de l’espace (!) qui font une musique venue d’ailleurs … Vous voyez le genre : boule à zéro, maquillage métallisé, tenues en papier alu ; démarche saccadée  ; on nage en pleine Sci Fi de pacotille digne d’une série Z (le look alien/mutant de 2005 étant nettement plus réussi…et inquiétant).

On rigole mais chronologiquement, les Rockets étaient déjà des « robot » 2 ans avant que Kraftwerk ne deviennent ceux de « Man machine » (1978) ; donc les plagieurs ne sont pas ceux que l’on croit… La différence étant que le visuel de Kraftwerk (inspiré des affiches communistes des années 30) associé à un jeu de scène ultra stylisé, reste un chef d’œuvre conceptuel au lieu d’une nanardise évantée !

 

A partir de 1981 le groupe s’essouffle artistiquement et nonobstant quelques très bonnes chansons, les albums suivants ne sont pas du niveau de leurs prédécesseurs. La musique devient plus commerciale et s’éloigne de ses inspirations initiales.

 

(à suivre...)